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Entreprises de Presse : La fièvre monte!

Leur objet est social, pourtant leur activité est commerciale, les entreprises de presse ne savent plus sur quel pied danser à l’épreuve de Covid19. Au moment où les sources publicitaires se tarissent, où les tensions entre patrons et « leurs » journalistes montent, il faut toujours un perdant. Si les patrons allaient à la hache et coupent dans les salaires (entre 15 et 50% dans certaines rédactions), c’est qu’ils n’ont pas le choix ; d’ailleurs, ils sont dans leur droit.  A leur corps défendant, les journalistes brandissent  la carte d’entreprise solidaire ainsi que leur pouvoir du droit de l’information. Ils exercent, ainsi, leurs droits nécessaires à la valorisation de leur propre « statut »! Dans ce jeu de ping-pong, entre chutes de tension et montée de fièvre, il va falloir trouver un chemin vers une réponse concertée et partager le fardeau de la crise. A qui la faute?  A la pandémie de Covid-19 ? Celle-là n’a fait que révéler au grand jour les limites de la politique des subventions estimées à 90 millions de dirhams en 2019 contre 73 et 58 millions en 2018 et 2017, respectivement.

La question qui brûle les lèvres en ce moment de confinement : à qui profitent ces aides financières directes? Aux patrons ou aux journalistes? Est-il normal que les contribuables payent de leurs deniers des supports lus par quelques poignées de lecteurs?

Nul de par le monde ne pourrait contester le fait que « la liberté d’expression, l’indépendance et le pluralisme de la presse ne peuvent être paradoxalement garanties que grâce à l’intervention de l’État ». L’expérience marocaine en la matière a montré que l’interventionnisme étatique n’aura de sens que dans le cas d’aides indirectes donnant ses chances à tout le monde et un choix réel aux lecteurs.

L’objectif d’un maintien du pluralisme de la presse marocaine pourrait être atteint par des aides indirectes (exonérations fiscale et sociale, dégrèvement d’impôts,…). Des mesures exceptionnelles, dignes de véritables privilèges en mesure de rompre avec la fragilité organisationnelle et financière  des entreprises de presse. « Près de 88% des entreprises de presse, électronique et écrite, affichent un résultat d’exploitation négatif ou nul et près de 98% enregistrent une marge brute négative ou nulle », rapporte notre confrère l’Economiste.

Une bouée de sauvetage ne peut émaner que de l’État à même d’éviter l’impasse et récupérer les entreprises tombées à l’eau. Cela ne veut aucunement dire une dépendance totale en matière financière voire même éditoriale. Pour survivre à l’après coronavirus, les entreprises de presse sont invitées à revoir de fond en comble leur business model en s’adaptant à la transition vers le numérique. « S’adapter ou mourir », dit un dicton ! Mohamed Mounjid

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