« L’entrepreneuriat évidement, au moins on contrôle son destin »
Quels conseils adressez-vous aux jeunes porteurs de projets avant de créer son entreprise, et quelles sont les erreurs à éviter pendant la première année d’activité ?
En plus d’étudier le marché et élaborer son business plan, un jeune entrepreneur doit surtout se donner à fond dans son projet entrepreneurial. Ça doit être sa préoccupation majeure, unique et exclusive durant les trois premières années de lancement. Il faudra être attentif au marché et à l’écoute de tout l’écosystème. Il y aura certainement des ajustements à faire durant cette période et il ne faut pas hésiter à les faire pour avancer dans son projet. Le benchmark à l’international est aussi un point important qui peut être d’une grande valeur ajoutée et permettre à l’entrepreneur de gagner du temps. D’un autre côté, il faudra recruter une bonne équipe. Les femmes et les hommes qui entourent le porteur de projet font de son projet ou pas une entreprise réussie. L’équipe de la jeune entreprise sera la famille de l’entrepreneur qui l’épaulera pour aller vers le succès. Il faut ainsi bien choisir et investir sérieusement dans les ressources humaines. Cet investissement ne peut être que rentable.
Avez-vous occupé d’autres postes avant de lancer votre projet ?
Je me suis lancé dans l’entreprenariat alors que j’étais encore étudiant. J’avais créé ABL Industries, une entreprise d’équipement de soutien au sol qui exporte de l’équipement de soutien au sol des États-Unis vers l’Europe et l’Afrique. Quand j’ai voulu me lancer dans le leasing d’avions, j’ai commencé par apprendre le métier et c’est là que j’ai intégré la société d’investissement de Wall Street, où j’ai occupé peu de temps après l’avoir intégré le poste de Vice-Président responsable du développement des opportunités et de la structuration des accords avec plusieurs compagnies aériennes, dont Emirates et Singapore Airlines.
D’où et comment vous est venue l’idée d’entreprendre et pourquoi ?
Entreprendre a toujours été pour moi une ambition et un rêve. Je ne pensais qu’à cela, alors que je ne savais même pas quel cursus j’allais poursuivre. Après le bac, j’ai fait une année de médecine sous la pression de mes parents. Mais vite, j’ai compris qu’il vaudrait mieux aller poursuivre mes études aux Etats Unis. J’ai cherché une bourse à l’Université Campbell en Caroline du Nord et au lieu de travailler en parallèle comme le faisait beaucoup de mes camarades, j’ai cherché à lancer un business. Une opportunité s’est présentée et je l’ai saisi pour lancer ABL Industries. Peu après, j’ai co-fondé ABL Real Estate, une entreprise spécialisée dans les marchés de la vente et de la location à Paris. Inspiré par le marché innovant d’Airbnb, j’ai ensuite fondé ‘EasyGuests Inc.’, une société de gestion immobilière locative à court terme qui opère aux Etats- Unis et en Europe. En 2015, j’ai créé ABL Aviation, dont le siège social se situe à Dublin, avec des bureaux à New York, Casablanca, Hong Kong et Dubaï. ABL Aviation a généré, depuis sa création plus de 1.2 milliard de dollars américains d’investissement dans le domaine de l’aviation. C’est une société en pleine croissance qui crée des tendances dans l’industrie grâce à son approche créative dans le modèle d’investissement aéronautique.
Avez-vous trouvé des difficultés pour le financement de votre projet ?
Beaucoup de mes contacts de mon époque à wall street m’ont fait confiance et étaient prêts à investir avec nous. Ceci nous a énormément aidé au départ.
Quel est le montant de l’investissement initial ? Et d’où vient cet argent (capital propre, prêt,…) ?
Pour ma première société, ABL Industries, l’investissement consistait en un seul et unique ordinateur portable. Mon travail a démarré par l’analyse du marché et la recherche des opportunités pour bien acheter le matériel à revendre. Les délais de paiement me permettaient de financer mes achats. Une pratique qui se fait très couramment aux Etats- Unis.
Avez-vous atteint vos objectifs ou pas encore ?
Un entrepreneur ambitieux n’atteint jamais ses objectifs parce que les objectifs évoluent au même temps que les ambitions. Je peux dire que je suis globalement satisfait de mes différents projets et entreprises. Au sein d’ABL Aviation, j’aspire à toujours plus et mieux. Aujourd’hui, nous nous situons dans le top 30 des entreprises de leasing aérien. Mon objectif est d’intégrer le top 10 des loueurs d’avions commerciaux (Airbus et Boeing). Cette année nous sommes en train de créer ABL Maritime, qui nous permettra de faire du leasing d’actif dans le maritime, vu que nous pensons que le marché est au plus bas. Nous avons engagé une équipe expérimentée qui est en train de développer le produit.
Vos ambitions et projections dans le futur?
Développer davantage mes différentes entreprises, lancer d’autres projets, notamment au Maroc et surtout soutenir et encourager l’entreprenariat auprès des jeunes marocains.
Pensez-vous que le réseau est essentiel pour réussir son projet?
Le réseau est une des opportunités qui peuvent aider un entrepreneur dans le développement de son activité. Toutefois, un entrepreneur n’a pas forcément un réseau depuis le début de son activité. C’est pourquoi un réseau peut se constituer et se construit avec l’activité. La rigueur et le sérieux sont des facteurs qui créent la réputation d’une entreprise et participent au développement de son réseau.
Vous avez certainement rencontré des difficultés sur votre parcours, lesquelles ?
Les difficultés font partie de l’entreprenariat. Je dirais que c’est même un ingrédient nécessaire et inévitable. Le challenge est de les surpasser en relevant les défis.
Le temps consacré à votre travail et à votre famille ?
Pour être honnête, je passe beaucoup plus de temps au travail qu’avec ma famille. Le fait est que je voyage beaucoup et souvent. Je passe plus de 48 heures par semaine au bord des avions, je vais dans les différents bureaux d’ABL dans le monde, en plus du fait que j’anime des conférences dans les quatre coins du monde. Mais, quand je suis avec ma petite famille, je me consacre complètement à elle.
Quels sont les secrets de la réussite entrepreneuriale ?
La volonté, l’ambition, le travail, le dévouement, la rigueur et la persévérance sont pour moi les mots- clés de la réussite entrepreneuriale.
Quelle est la personne qui vous représente un modèle à suivre dans la vie ?
Ce serait plus un mélange de plusieurs personnes. Je pense là sur le champ à Aristote Onassis et à Richard Branson.
La chance vous dit quelque chose ?
Etant pragmatique, je crois plutôt au travail.
Est entrepreneur celui qui veut ?
Oui, en effet!
Que conseillez-vous le salariat ou l’entrepreneuriat ?
L’entrepreneuriat évidement, au moins on contrôle son destin.
BIO EXPRESS
Agé de 37 ans, Ali Ben Lmadani est né et a grandi à Rabat. Après le baccalauréat, il s’est envolé pour Caroline du Nord en vue de poursuivre ses études universitaires à l’Université Campbell. Entrepreneur dans l’âme, Ali a fondé sa première entreprise, ABL Industries, à l’âge de 22 ans alors qu’il était encore étudiant. Peu après, il devient co-fondateur d’ABL Real Estate.Le maroco-américain a créé en 2015 ABL Aviation, une entreprise qui porte les initiales de son nom et prénom, qu’il a développé en 5 ans avec une vitesse de croisière, dont le siège social se situe à Dublin, avec des bureaux à New York, Casablanca, Hong Kong et Dubaï. Ben Lmadani est représentant inscrit à Finra et détient une qualification de banque d’investissement de série 7. Il est également partenaire fondateur des conférences innovantes ISHKA. Il contribue régulièrement au contenu éditorial ainsi qu’à l’animation des panels de débat lors des conférences sur la finance aéronautique dans le monde entier.
