Bassam Chahira, Consultant en Communication et Affaires Publiques –
Fraser Health Authority- CANADA
Aujourd’hui, nous assistons à un tout autre phénomène d’émigration, celui des jeunes et des familles de la classe moyenne et même aisée ayant une situation stable, un niveau de vie décent prêts à tout laisser derrière eux pour aller vers l’inconnu. Bien que leur destination est la même, mais les raisons et les motivations semblent différentes.
Partant de mon expérience personnelle, diverses raisons m’ont poussé à faire le choix d’immigrer avec ma petite famille au Canada, il y a 4 ans maintenant. De prime abord, et plus généralement, ce fut la quête d’une qualité de vie meilleure qui m’a le plus motivé à choisir le Canada plutôt qu’un autre pays. Le Canada offre une qualité de vie exemplaire, le pays s’est classé ces dernières années parmi le top trois des pays où il fait bon vivre. Je cite à titre d’exemple, la sécurité, le Canada a obtenu une note de 9.1 sur 10 au point de vue de la sécurité dans l’indicateur du vivre mieux de l’OCDE, pas moins de 81% des Canadiens affirment qu’ils se sentent en sécurité lorsqu’ils marchent seuls la nuit, alors que la moyenne de l’OCDE est de 69%.
J’évoque aussi le système scolaire où le Canada dépense plus pour l’éducation par personne que tout autre pays du G8, la plupart des enfants au Canada vont dans des écoles publiques, plus de 95% des Canadiens choisissent l’école publique pour l’éducation de leurs enfants. Selon, l’OCDE, le Canada aurait aussi bien meilleur système d’éducation que la France.
Après vient le rythme de vie au quotidien, cet équilibre travail-famille qui permet de s’épanouir et d’évoluer sereinement, par exemple, les horaires de travail flexibles, de plus en plus les organisations publiques ainsi que le secteur privé acceptent que les employés commencent à travailler plus tôt pour finir plus tôt. Il est ainsi possible de partager entre les parents la tâche d’aller reconduire et chercher les enfants à la garderie ou à l’école et d’avoir plus de temps pour pratiquer des activités de loisir et du sport. Ainsi, toutes ces petites choses, ou plutôt simple droit, qu’on peine à avoir systématiquement au Maroc.
Ensuite, on ne peut oublier le côté carrière et opportunités d’évolution, qui va assurer une réussite professionnelle continuelle. Là, je pars d’un constat sans appel de mon expérience dans le secteur de la communication au Maroc, ayant cumulé plus de 10 années d’expérience. J’avais l’impression qu’il y a un manque de reconnaissance et de valorisation. C’est devenu à mes yeux, un domaine ingrat, ou quoique l’on fasse on est contraint de rester au bas de l’échelon à observer d’autres personnes grimper en usant des pratiques non éthiques et en ignorant le béaba du métier.
À un moment donné, ça devenait critique, il fallait faire face à une culture d’entreprise déficiente, un Mindset managérial qui ne met pas le développement professionnel de l’employé comme étant une priorité, ou bien carrément changer de cap et chercher une meilleure carrière sous d’autres cieux.
À mon avis, la problématique aujourd’hui est bien au-delà du besoin économique, c’est plus une affaire de développement humain. La plupart d’entreprises au Maroc n’engagent pas les efforts nécessaires pour retenir et fidéliser les talents marocains, et je suppose qu’il est temps que la gestion des ressources humaines soit complètement revue de fond en comble afin de garder ces talents.
Sans aucune comparaison possible, le marché de travail canadien mise énormément sur le développement professionnel et l’épanouissement de l’employé. Et les entreprises privées comme publiques valorisent un apprentissage qui permet de développer le potentiel de la personne dans l’exercice de ses fonctions en cohérence avec ses aspirations personnelles et professionnelles.
Ça fait quatre années que je me suis installé en Colombie Britannique, plus précisément la région du « Greater Vancouver », et je peux assurer que le chemin que j’ai dû tracer pour m’installer et pouvoir m’intégrer sur le plan social et culturel s’avérait beaucoup plus facile que celui de trouver un emploi qui correspondait à mes qualifications.
Et depuis le premier jour, je devais faire preuve de beaucoup de sagesse et de clairvoyance, pour faire le choix de carrière qui me ressemblait le plus, ainsi je devais soit accepter des offres de travail proposées afin d’assurer le paiement de mes factures et avoir une vie pratiquement aisée ou plutôt élaborer et exécuter un plan de carrière dont il était nécessaire de sacrifier du temps, de l’énergie et de l’argent pour arriver à mon objectif et qui n’est autre que celui d’avoir l’opportunité d’intégrer l’industrie de la communication au Canada.
Un exemple que je cite toujours pour montrer la flexibilité dans le monde du travail au Canada, c’est la possibilité de changer de carrière, car ici ce n’est pas mal vu de vouloir faire autre chose professionnellement ou bien de vouloir reprendre les études, peu importe l’âge ou le parcours. Le gouvernement ainsi que les provinces offrent des programmes d’aide à la formation et à la réorientation professionnelle, les gens ont la chance de se lancer sur d’autres opportunités de carrière, de faire leurs preuves et de montrer ce dont ils sont capables sans aucun jugement préalable.
Top 5 des conseils à retenir pour les nouveaux immigrants au Canada
1-Eviter d’arriver au Canada avec des ressources financières insuffisantes. Les premiers mois d’arrivée au Canada peuvent s’avérer délicats sur le plan financier. Devant un avenir incertain, il est primordial de ramener suffisamment d’argent et de bien gérer son budget.
2-Profiter des programmes de mentorship offerts par le gouvernement ou par des associations. Certaines personnes négligent l’importance de ces programmes, ceci se produit parce que le concept de mentorat est un concept nouveau pour de nombreux immigrants.
3-Bâtir et élargir son Réseautage. Le networking est une étape essentielle pour développer ses connaissances sur le marché du travail ainsi que la culture locale des organisations.
4-Ne jamais se laisser décourager. Il est essentiel de savoir bien s’entourer et de ne pas se laisser contaminer par des relations toxiques. Certaines personnes pourraient entretenir un discours fataliste au niveau de l’emploi. Pour leur part, elles n’étaient pas parvenues à atteindre leurs propres objectifs et elles avaient alors tendance à généraliser.
5-La maitrise de la langue. Une grosse erreur que beaucoup d’immigrants font en venant au Canada est de ne pas s’assurer des compétences linguistiques avant l’arrivée. Bien sûr, vous pouvez améliorer vos compétences en anglais ou en français au Canada, mais cela pourrait prendre du temps.