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Culture : Le modèle croate s’invite à l’Académie du Royaume

Il n y a pas de voie plus sûre pour comprendre l’autre, voire soi-même,  que celle du patrimoine culturel pour paraphraser Abdeljlil Lahjomri. Le Secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc continue son cycle de réflexion avec le choix cette fois-ci de la « Croatie comme horizon de pensée ». Un thème fédérateur qui a fait l’objet d’une journée d’étude, le mercredi 29 janvier 2020 au siège de l’Académie, en vue de faire découvrir un patrimoine croate d’une richesse époustouflante et explorer également les secrets et le potentiel d’une civilisation, dont la force est fondée sur la fécondité et la diversité de sa culture. D’ailleurs, la richesse d’une civilisation ne se mesure pas  uniquement à son ampleur géographique, ni à ses dimensions démographique ou économique pour reprendre les mots de Lahjomri. Chiffres à l’appui, la Croatie compte près de 4 millions de personnes et s’étend sur une superficie de 56. 594 km². Pourtant, la deuxième économie la plus développée de la région des Balkans compte 1.200 îles,  dont 5 îles protégées comme parcs naturels. Le littoral adriatique croate s’étend sur la majeure partie de la rive orientale de l’Adriatique. Bien que la distance à vol d’oiseau entre ses deux extrémités ne soit que de 526 km, sa ligne côtière est longue de 1777km. En effet, ses nombreuses baies et anses en font l’une des côtes les plus découpées d’Europe, est-il souligné.

Le pays de Tesla compte 10 sites et monuments inscrits sur la liste du patrimoine mondial culturel de l’UNESCO et 15 éléments croates du Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. A titre d’information, Nikola Tesla (1856-1943) est le père de la centrale hydroélectrique. Tesla a également inventé le courant alternatif qui nous illumine de nos jours, ainsi que le moteur électrique à induction  qui met en marche la plupart de nos appareils électroménagers à ce jour.

Dans sa présentation sous le thème “Salona et Narona, deux sites archéologiques ouverts sur la Méditerranée”, le vice-recteur de l’International Relations à la Catholic University de Croatie, Emilio Marin, a braqué les projecteurs sur diverses facettes de l’histoire du site de Narona, une ancienne colonie romaine située dans la vallée du fleuve Naro, qui suscite toujours la curiosité des spécialistes et des archéologues. A partir des années 50, Marin souligne que la découverte sur le site de plusieurs fragments d’inscription, de statues, de murs et de sols de mosaïque laisse penser qu’il s’y trouvait à l’ère antique, un augusteum romain.

Reconnue comme État le 7 juin 879, la Croatie, pour la première fois de son histoire, assume la présidence tournante du Conseil des ministres de l’Union européenne du 1er janvier au 30 juin prochain.

Le pays de la cravate peut se prévaloir de son riche patrimoine historique et archéologique, avec le nombre grandissant de biens culturels matériels et immatériels protégés. Pour la petite histoire, « la cravate provient du foulard noué à la croate porté par nos cavaliers au XVIIe siècle pendant la guerre de Trente Ans.  Se joignant au service du Roi Soleil en tant que regiment Royal – Cravates, leur foulard noué à la croate a conquis la cour de Versailles ainsi que toute l’Europe et l’Amérique du Nord », souligne-t-on.

La richesse du patrimoine historique, archéologique et architectural croate en fait un atout indéniable pour son attractivité touristique,  parmi les destinations les plus visitées de la Méditerranée. Les chiffres présentés annoncent 19,7 millions de touristes, soit  23,1 % du PIB  et 11,5 milliards d’euros de recettes.  Ce qui montre la part considérable du tourisme dans le PIB de l’économie croate, tirée principalement par le secteur des services qui représente 58,5% du PIB du pays et emploie 65,8% de la population active. Historiquement parlant, la tradition du tourisme remonte au début du XIXe siècle, une des activités les plus profitables du pays, d’ailleurs. La porte méditerranéenne de l’Europe centrale se veut ainsi un cas d’école en matière de tourisme culturel. Il  montre à celui qui veut l’entendre que le lien entre la culture et le tourisme est indéniable.

Et ce n’est pas fortuit que cette citation du Mahatma Gandhi reste gravée dans le marbre : « Je ne veux pas que ma maison soit murée de toutes parts, ni mes fenêtres bouchées, mais qu’y circule librement la brise que m’apportent les cultures de tous les pays ». (Avec MAP)

Sites et monuments inscrits sur la liste du patrimoine mondial culturel de l’UNESCO:

  1. Split, noyau historique avec le palais de Dioclétien (1979)
  2. Dubrovnik (1979; 1994)
  3. Parc national Plitvice (1979;2000)
  4. Porec, basilique euphrasienne (1997)
  5. Trogir (1997)
  6. Šibenik, cathédrale Saint-Jacques (2000) et forteresse Saint-Nicolas (2017)
  7. île de Hvar, plaine de Stari Grad (2008)
  8. Cista Provo et Konavle, cimetières de tombes médiévales stecci (2016)
  9. Zadar, remparts et portes de la ville fortifiée (2017)
  10. Parcs nationaux du Velebit Nord et de Paklenica, forêts primaires et anciennes de hêtres (2017)

15 éléments croates sont inscrits sur la liste représentative du  Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité:

  • la dentellerie (Pag, Lepoglava, Hvar)
  • le chant à deux voix à intervalles restreints d’Istrie et du Primorje
  • la Fête de saint Blaise, saint patron de Dubrovnik (3 février)
  • la procession de printemps des ljelje ou kraljice (reines) de Gorjani
  • la marche des sonneurs de cloches du carnaval annuel de la région de Kastav
  • la procession du chemin de croix (Za križen) sur l’île de Hvar (durant la Semaine sainte)
  • la fabrication traditionnelle de jouets en bois pour enfants dans le Hrvatsko Zagorje
  • la joute chevaleresque Sinjska alka, à Sinj
  • l’art du pain d’épices en Croatie du Nord
  • le becarac, pratique du chant et de la musique de Slavonie, Baranja et Syrmie
  • le Nijemo kolo, ronde dansée silencieuse de l’arrière-pays dalmate
  • le chant polyphonique des klapa dalmates
  • la diète méditerranéenne du littoral adriatique croate
  • l’art de la construction en pierre sèche
  • la meimurska popevka, chanson populaire traditionnelle de Meimurje

 

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