La situation financière du pays préoccupe à maints égards. Et ce n’est pas fortuit que le Souverain s’adresse ouvertement au secteur bancaire, pour la première fois depuis son intronisation, l’invitant à jouer le jeu. Les dernières statistiques monétaires de Bank Al Maghreb fraîchement publiées ne trompent pas. A la clé, un coup de froid sur les échanges financiers. Entre septembre 2017 et septembre 2019, la croissance de la monnaie scripturale a décéléré à moins de 5% après plus de 8%. Ce qui veut dire tout bonnement un net tassement des opérations de paiement (Chèque, virement, lettre de change, carte bancaire…), témoin du repli de l’activité économique. Mais pas seulement. une telle situation renseigne sur un attentisme prudent produit du manque de confiance, suite aux vagues déferlantes des contrôles fiscaux. Lesquelles n’ont pas manqué à écraser sur leur passage banques et entreprises. A fin septembre 2019, les créances en souffrance se sont accentuées de 5,1% à prés de 70 milliards de dirhams, en glissement annuel. Pis encore, les créances diverses sur la clientèle se sont accrues de près de 10% à plus de 132 milliards sur la même période de référence.
Quant aux deuxièmes perdants, à savoir les entreprises, la note s’avère salée avec une accentuation de la baisse des comptes à terme à 1,6% pour se situer à 151,3 milliards de dirhams. Autre indicateur et non des moindres : les défaillances d’entreprises augmentent de 9,1% au 1er semestre 2019, selon Inforisk.
La situation financière inquiète au vu aussi du retrait préoccupant du cash. La circulation fiduciaire a baissé de près de 2% à 249,7 milliards entre août et septembre de l’année en cours. Résultat des courses : douche écossaise pour le crédit bancaire. « Les données disponibles à fréquence trimestrielle font ressortir une légère hausse en glissement annuel de 0,4% après une baisse de 4,1% des crédits aux entreprises de la branche « Industries manufacturières », une accélération de 8,1% à 11,1% du rythme de progression des concours alloués à la branche « Commerce, réparations automobiles et d’articles domestiques » ainsi qu’une accentuation de la baisse des crédits aux entreprises du secteur « Bâtiment et travaux publics » à 1,4% après 0,5%, et de ceux au secteur d’« Electricité, gaz et eau » à 14,2% après 13% » note-t-on.
Fait marquant : l’encours des crédits des banques off-shores se sont contractés de 13,7% à 11 milliards de dirhams, en variation annuelle.