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PLF2020 : Un budget sous pression !

Voilà un projet de loi de Finances concocté et géré dans une période à haute pression. La lecture des grandes lignes laisse ressurgir comme à l’ordinaire une acrobatie (cocotte minute) d’équilibriste dénuée de toute vision stratégique.

Pression royale

Le gouvernement El Othmani semble être incapable de livrer et mener un programme économique en bonne et due forme. Si non, comment expliquer alors le dernier remaniement ministériel recommandé par le Souverain? Mais pas seulement. Il a fallu aussi tout un discours royal pour attirer l’attention du gouvernement sur l’importance de promouvoir l’entrepreneuriat et booster la TPME. D’où la création au titre du PLF 2020 d’un nouveau compte spécial du Trésor intitulé « Fonds d’appui au financement de l’entrepreneuriat » doté d’une enveloppe budgétaire de 6 milliards de dirhams répartis sur 3 exercices.  « En vue de permettre la comptabilisation des opérations d’appui au financement de l’entrepreneuriat à travers les dispositifs de garantie, de financement, de capital investissement et d’assistance technique, mis en place par l’Etat au profit des TPE, des PME, des jeunes porteurs de projets et jeunes entreprises innovantes et des auto-entrepreneurs, il est créé, à compter du 1er janvier 2020, un compte d’affectation spécial… », note-t-on.

Pression Européenne

Au risque d’être « blacklisté », le gouvernement a pris enfin la décision de se conformer à tous les engagements en matière de coopération fiscale établie par l’Union européenne. Le PLF2020 supprime la dénomination de zones offshore pour la remplacer par « zones d’accélération industrielle ». Ainsi, les entreprises qui exercent leurs activités dans lesdites zones et celles ayant le statut «Casablanca Finance City» se voient désormais imposer  au taux spécifique de l’impôt sur les sociétés fixé à 15%, au-delà des cinq premiers exercices d’exonération.  Autre nouvelle,  le taux de 17,5% sera ramené à 20%, y compris pour l’export, l’enseignement privé ou encore le tourisme.

Pression budgétaire

Au lieu d’emprunter une stratégie de création de richesses et de diversification économique, le PLF2020 cède à la facilité en accélérant le processus de privatisation pour résorber le déficit budgétaire. Une telle mesure devrait ramener aux caisses de l’Etat près de 6 milliards de dirhams.  Dans la finalité de contenir le déficit budgétaire dans une limite de 3,5% du PIB en 2020, il est prévu aussi le recours à des opérations de restructuration de certains établissements et entreprises publics, particulièrement l’ONEE, l’ONCF, la RAM, l’OFPPT, l’ONDA, ADM, Barid Al-Maghrib et Crédit Agricole du Maroc.

Pression sécuritaire

D’aucuns ne contestent l’influence de nos jours des approches sécuritaires sur les politiques de développement. Le PLF2020 recouvre une dimension sécuritaire, marque distinctive et trait caractéristique de la stabilité de notre pays.  Le ministère de l’Intérieur arrive en tête des postes budgétaires avec près de 15.000 emplois.

Pression monétaire

Le PLF2020 apporte un pardon officiel aux infractions liées à la non déclaration des avoirs liquides et des avoirs à l’étranger. L’amnistie fiscale ou la « dernière chance » fixe le montant de la contribution libératoire  à 5%  pour les avoirs liquides non déclarés en banque et à 10% pour ceux détenus à l’étranger. Cette grâce intervient suite à une sortie massive de capitaux non sans effets sur les marchés financier et monétaire,  avec une pression sur les liquidités.

Bouclons la boucle, le PLF 2020 donne l’impression que le « gouvernement des compétences » fait l’économie d’efforts pour retrouver la confiance perdue…

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