EconomieFlashLa Une

Statistiques : Le CMC pris au piège

Objectivité scientifique commence par soi-même. Lors de sa sortie médiatique, hier 26 septembre à Casablanca,  le Centre marocain de Conjoncture (CMC) n’a pas manqué de s’interroger sur la fiabilité des statistiques produites par le HCP, notamment celles concernant l’inflation. Cette offensive qui ne dit pas son nom interpelle doublement. Primo, le timing. Le doute étant permis, pourquoi le CMC a-t-il attendu jusqu’à ce que le taux d’inflation frôle le 0% pour s’en douter et ne pas s’attaquer au mal bien auparavant?

Lire aussi  Inflation : Pourquoi Jouahri ne réagit pas

Secundo, l’objectivité scientifique. Comment est-ce possible que le CMC mette en doute des chiffres officiels sachant que lui-même y puise ses données pour livrer ses projections chiffrés? M’hammed Tahraoui, économiste du CMC,  l’avoue ouvertement : « Nous nous basons aussi sur les données du HCP… ». Suivant un raisonnement cartésien, les chiffres du CMC lui-même laissent donc l’observateur dans le doute.

Comment on en est arrivé là?  Avec un taux d’inflation qui ressort à 0,2% à fin août dernier, Tahraoui pense que l’économie nationale tombe dans le cercle vicieux de la déflation. Théoriquement parlant, le professeur universitaire a raison.  Or, il n’en est rien en réalité. Pourquoi? Dans un contexte de déflation, les prix des biens et services enregistrent des baisses régulières ce qui procure aux  ménages un gain de pouvoir d’achat. L’indice de confiance des ménages publié par le HCP dit le contraire : une moindre capacité à consommer pour les ménages endettés. Plus encore, la déflation engendre une baisse des salaires et une raréfaction des embauches? Est-ce le cas?

Allant encore plus loin, en cas de déflation, les entreprises n’arrivent plus à écouler leurs productions et se trouvent in fine avec des stocks gonflés. Or, les deux enquêtes auprès des chefs d’entreprises menées  régulièrement par le HCP et Bank Al-Maghreb soulignent que les stocks sont généralement stables.

Enfin pour contenir la spirale déflationniste, la théorie économique recommande des baisses de taux d’intérêt et davantage d’injection de liquidités dans le système financier.  En vain ! À en juger par le Wali de la banque centrale, Abdellatif Jouahri, dans une situation peu enviable, et qui s’oppose à faire renaître le phénix d’une nouvelle politique d’ajustement structurel. L’Histoire se répète-t-elle vraiment ?

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page