Selon les dernières statistiques monétaires de Bank Al-Maghrib (BAM), les billets et monnaies mis en circulation ont enregistré une hausse entre 2017 et 2018 passant de 231,7 à 248,4 milliards de dirhams. La circulation fiduciaire a grimpé donc de 6,7%, en variation annuelle, à 233,6 milliards de dirhams. Cela veut dire tout bonnement que pour les consommateurs comme pour les commerçants, l’argent liquide a toujours la cote d’amour. Autrement dit, le règlement en « cash » est toujours apprécié pour ses vertus de sécurité, d’accessibilité et surtout de gratuité. Mais comment explique-t-on cette tendance de fond? Allons faire un tour avec les autres moyens de paiement. A commencer par le chèque. L’encours des chèques en bois dépasse les 85 milliards de dirhams. Conséquence, les chèques font courir un risque d’impayés. A contrario, le paiement par cartes bancaires a le vent en poupe, avec des opérations d’une valeur de 18 milliards de dirhams à fin juin 1018, en progression de 21%. Une évolution qui montre que le taux de bancarisation gagne du terrain, se situant à près de 56%. Malgré cette courbe ascendante, l’argent liquide reste toujours apprécié. Changer les comportements et les habitudes de paiement passent d’abord par pousser les banques à réviser à la baisse leur tarification. BAM est-il en mesure de jouer le jeu à davantage de transparence? Par ailleurs, la hausse de la circulation fiduciaire en 2018 s’apparente à l’arbre qui cache la forêt. Les économistes savent que dans un contexte de décélération économique, la tendance est à une moindre utilisation de la monnaie fiduciaire. Or, c’est l’inverse qui s’est produit. En 2018, la croissance économique au Maroc devrait se situer à 3% au lieu de 4,1% un an plus tôt, selon les prévisions du HCP. Résultat des courses, l’activité fiduciaire particulièrement dynamique au Maroc renseigne sur le poids de l’informel, les comportements de thésaurisation, le taux d’analphabétisation, l’évasion fiscale et blanchiment d’argent, etc. En un mot, le manque de confiance qui cause des retraits exceptionnels de liquidités. Quoi que l’on puisse dire, la banque centrale a réussi dans son rôle d’équilibriste, avec une maîtrise de l’inflation en dessous du seuil psychologique de 2% et un taux d’intérêt directeur au plus bas. Si on observe une hausse de la création monétaire, il ne faudrait pas non plus oublier le fait que nous sommes dans un contexte où les réserves de change sont tombées à 5,1 d’importation de biens et services en 2018 et où la dette globale monte à plus de 84% du PIB. Cette « crise de la dette est le résultat de la mauvaise gestion étatique ».