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Et maintenant pensez blockchain!

  • Par Jean-Michel Huet,
  • Associé BearingPoint

Les échanges constituent la base de notre économie. Pour un bon fonctionnement du système, la confiance apparait comme un prérequis indispensable au bon déroulé des transactions. Afin de garantir la transparence et la sécurité, il est nécessaire d’introduire un tiers de confiance habilité par le régulateur (l’État) et qui a pour mission d’assurer la stabilité de l’ensemble du système. La blockchain est une technologie qui permet de générer cette confiance numérique. Elle garantit l’exécution d’une transaction en conformité avec des règles établies en amont. Cette technologie peut s’utiliser dans tous les domaines où un intermédiaire de confiance est requis.

Bien qu’il soit pour le moment difficile de se prononcer sur les effets à long terme de l’usage de la blockchain, le changement de paradigme que cette technologie induit impactera de nombreux domaines. Les applications sont concrètes et le continent africain est à la pointe : le premier pays au monde qui a organisé ses élections avec la blockchain est la Sierra Leone. Le Burkina-Faso sera aussi à la pointe pour sa gestion budgétaire. Prenons 2 exemples. Associer microgrid et blockchain peut favoriser l’autoconsommation particulière et collective via le partage rémunéré d’énergie entre habitants d’un même quartier ou d’un même village, à l’instar des initiatives développées dans l’éco-quartier de Brooklyn Microgrid à New York. Les acteurs qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment peuvent alors vendre leur « surplus de production » en utilisant la blockchain via les cryptomonnaies.

« La blockchain favorise dans ce contexte le développement des énergies renouvelables et renforce le rôle des « consomm’acteurs » qui contribuent à pallier les défaillances des opérateurs étatiques »

 

La blockchain est aussi utile pour se constituer un “portefeuille” énergétique. Les Solar Coins, monnaie de conversion de l’énergie solaire, constituent le support échangé lors des transactions. Dans ce contexte, la blockchain peut être publique – n’importe qui peut s’inscrire –, privée, l’écriture et la lecture sont des droits à établir, ou gérée par un consortium – typiquement un écoquartier.

The Sun Exchange (thesunexchange.com) plateforme lancée en Afrique du Sud pour le crownfuding d’énergie solaire est entièrement basée sur la logique de blockchain tant dans la récolte des financements (les monnaies classiques sont aussi acceptées) que dans la redistribution afin de faciliter les relations clients – fournisseurs dans le marché de l’énergie avec une capacité de changer de fournisseur toutes les 15 minutes.

La blockchain favorise dans ce contexte le développement des énergies renouvelables et renforce le rôle des « consomm’acteurs » qui contribuent à pallier les défaillances des opérateurs étatiques. Bitland, organisation basée au Ghana, s’est donnée pour mission de permettre aux institutions et aux personnes privées qui le souhaitent de permettre l’arpentage de leurs territoires et d’enregistrer leurs actes fonciers sur une blockchain. Quiconque désire inscrire son terrain sur le cadastre de sa ville peut remplir un formulaire disponible sur internet. Les données sont ensuite enregistrées dans la blockchain et il est impossible de les en sortir afin d’éviter le piratage des données. En 2015, le gouvernement du Honduras a fait appel à Epigraph, un organisme similaire à Bitland, pour répertorier l’entièreté de son territoire sur la blockchain et éviter que les plus riches ne s’octroient des biens qu’ils ne possèdent pas.

Pour l’instant en train de développer son projet pilote dans la ville de Kumasi au Ghana, Bitland se donne cinq ans pour convaincre les autres pays d’Afrique d’adopter sa solution.

La blockchain permet ici de répertorier les terrains et de stocker l’information de façon transparente, publique et sécurisée, garantissant ainsi la propriété du bien répertorié. La blockchain, véritable vecteur de confiance et de transparence s’illustre comme un outil puissant dont l’utilisation offre de nombreux bénéficies en Afrique. Certains considèrent d’ailleurs qu’à l’image du mobile, cette avancée technologique va permettre au continent de réaliser un autre « leapfroging » (saut technologique), à l’image de ce qui s’est passé avec la téléphonie mobile.

 

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