OMC : L'anarchie perdure!
Autorité sans pouvoir, législation lacunaire, climat trouble… l’Organisation mondiale du commerce (OMC) continue de plonger dans l’anarchie. L’organe d’appel du règlement des différends n’est toujours pas en place, car les États-Unis bloquent toujours la nomination de nouveaux juges. « Sans cette instance, c’est tout le fonctionnement de l’OMC qui sera remis en cause », déclare Marc Vanheukelen, ambassadeur européen auprès de l’OMC dans une interview accordée au journal suisse le Temps. Censée « garantir la bonne marche, la prévisibilité et la liberté des échanges », l’organisation semble passer à côté comme le montre le cas de la Chine et sa politique protectionniste. Et ce n’est pas fortuit que le président américain Donald Trump, qui déroge à la règle, considère l’adhésion en 2001 de la Chine à l’OMC comme étant une erreur. Sans entrer dans les coulisses du bras de fer USA-Chine, l’histoire donne encore raison à Pascal Lamy, ancien commissaire européen au Commerce, qui avait qualifié, alors, l’organisation d’«archaïque». Et ce n’est pas Vanheukelen qui dira le contraire. « Le diagnostic qu’il avait posé il y a quinze ans est encore valable. C’est une organisation qui a beaucoup de mal à se moderniser et à adopter des règles pour de nouveaux sujets. Cela est dû au fait que le nombre des membres a augmenté, que le rapport de force entre eux a évolué. En même temps, de nombreux membres refusent de s’adapter au nouvel environnement. Après vingt-deux ans d’existence, l’OMC traverse effectivement une crise existentielle », explique-t-il. Avouant qu’il y a de grands obstacles pour avancer et de grands dossiers restent en suspens : l’agriculture, la pêche, les subventions, le commerce électronique, les échanges liés au développement durable, etc.