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INTERVIEW Mohamed Zahid, PDG du groupe Menara Holding

Dans cette interview, Zahid confie ses ambitions pour 2017-2018, explique les tenants et les aboutissants de la faillite de la filiale Tri Atlas Motors et comment il perçoit aujourd’hui la qualité des ressources humaines au Maroc. Détails !

 

« Nous comptons introduire Menara Prefa en Bourse fin de l’année prochaine »

Accroches

« La reprise se fera sentir à partir de 2018 »

« Nous sommes obligés aujourd’hui de déclarer faillite de notre filiale Tri Atlas Motors, spécialisée dans la fabrication, la distribution et la commercialisation de véhicules électriques et triporteurs 100% marocains »

« Chaque année nous recrutons une moyenne de 100 personnes »

 

La crise vous dit quelque chose ?

La crise est là, mais il faut savoir en tirer profit. Preuve en est que nous continuons d’investir. Pour notre secteur d’activité, il n’y a pas que les grandes villes qu’il faut viser, les petites villes aussi. D’ailleurs, nous revendiquons des parts de marché très importantes (50 à 60%) dans des villes comme Beni Mellal, Khouribga et aujourd’hui Safi dans laquelle nous comptons installer une grande unité industrielle vu que le besoin en matière d’aménagement est encore là. D’une manière générale, le contexte économique au Maroc porte à croire que le meilleur est à venir grâce à deux facteurs clés qui font la confiance des investisseurs : les infrastructures et la sûreté et stabilité politique. Allant encore plus loin, l’histoire économique nous a enseigné que les crises sont cycliques. Bon nombre d’investisseurs et de banquiers m’ont confirmé que la crise a atteint le creux de la vague  et que la reprise se fera sentir à partir de 2018.

Combien compte votre écosystème de TPME?

Aujourd’hui, nous sommes à près de 500 sous-traitants.

Vous entretenez de bonnes relations ne serait-ce que du volet délais de paiement ?

Pour ne rien vous cacher, la relation que nous entretenons avec nos fournisseurs est basée en premier lieu sur la crédibilité. Et je veille prioritairement à honorer les échéances de remboursement des petites structures.

 

Où en est votre complexe industriel de Casablanca ?

Les travaux de ce grand projet étalé sur une superficie de 35 hectares vont démarrer fin de l’année en cours.  Cela rentre dans le cadre de notre stratégie d’élargir nos activités aux autres régions du pays. 5 à 6 filiales du groupe vont être installées sur le site en plus d’un centre de formation, un autre dédié à la R&D et l’académie Menara. Nous comptons à travers ce complexe industriel s’attaquer aux régions du Grand Casablanca, Doukala-Abda, Rabat-Salé- Kenitra…car nous considérons que Marrakech est quasiment saturée.

 

Vous êtes aussi présent dans le secteur Automobile…

Nous l’étions plutôt… Car,  malheureusement, nous sommes obligés aujourd’hui de déclarer faillite de notre filiale Tri Atlas Motors, spécialisée dans la fabrication, la distribution et la commercialisation de véhicules électriques et triporteurs 100% marocains. La cessation  d’activité est due à la concurrence déloyale des importations massives en provenance notamment de l’Asie. À certains moments je me demande où est cette protection de l’industrie nationale, car nous sommes à un taux d’intégration de près de 15%. Au lieu de nous encourager et limiter les importations, le ministère de l’Industrie ferme les yeux face à l’obligation d’homologation, sans parler des astuces de tricherie de la carte grise…

À combien estimez-vous la perte due à cette fermeture ?

Entre 15 et 20 millions de dirhams vu que Tri Atlas Motors a démarré en 2007. Je tiens quand même à souligner le fait que le personnel, une vingtaine d’employés, ne sera pas licencié. Notre stratégie RH consiste à redéployer nos collaborateurs sur les autres sites de production et ne jamais renvoyer, au vu d’abord de nos besoins et pour une utilisation plus efficiente de ses compétences.

Vous veillez donc à ne pas déstabiliser votre personnel ?

Effectivement. Sachez que chaque année nous recrutons une moyenne de 100 personnes. En 2004, nous étions à 360 collaborateurs. Aujourd’hui, le groupe compte près de 1.650 personnes.

Et que pensez-vous de la qualité des RH en général qui se dégrade, selon bien de chefs d’entreprises ?

Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cet avis. Qualité et productivité veulent dire à mon sens offrir les meilleures conditions de travail avec le respect des droits des salariés (rémunérations, protection sociale, respect du temps de travail, etc.) Chacun de nous entretient son véhicule ou son ordinateur pour son bon fonctionnement. Il faut penser aussi à entretenir si j’ose dire ainsi ses ressources humaines pour leur bien-être. Car le vrai capital d’une entreprise est son capital humain qu’on le veuille ou non. Et notre groupe s’estime modestement être parmi si ce n’est le plus engagé socialement. Ainsi, pour une meilleure intégration nous avons mis en place six activités sociales couronnées par la création d’une Fondation.

En termes de perspectives, que pouvez-vous dire sur votre vision 2016-2020?

Nous comptons doubler notre chiffre d’affaires avec un objectif de 2 milliards de dirhams contre 1,2 milliard aujourd’hui. Notre stratégie de développement qui vise de nouveaux marchés à l’échelle nationale consiste à se concentrer sur son cœur de métier. Nous poursuivons une meilleure gestion fondée sur une approche d’optimisation des coûts. Ainsi, nous envisageons de créer très prochainement une filiale dédiée à la maintenance pour optimiser la gestion de flotte de 450 véhicules (camions, engins, véhicules utilitaires). D’après une étude très approfondie, la nouvelle filiale nous permettra d’optimiser 6 millions de dirhams de frais de maintenance chaque année.  Deux sites composés de plusieurs ateliers (mécanique, hydraulique, pneumatique, carrosserie…) très modernes avec une organisation très pointue seront créés à Marrakech et à Casablanca.

Ne pensez-vous pas à la bourse pour financer votre développement ?

Il faut savoir que la bourse de Casablanca n’a cessé de nous approcher. L’idée était là, mais le projet d’introduction a été retardé à cause de la crise. Aujourd’hui, les choses sérieuses ont commencé avec un projet de restructuration et de réorganisation très pointu pour répondre aux exigences, aux objectifs de transparence et aux normes de qualité. Mais aussi pour remplir ses obligations à l’égard de la communauté financière. Ainsi, nous comptons introduire en Bourse Menara Prefa, fleuron du groupe, fin de l’année prochaine.

Un dernier mot sur le respect de l’environnement?

Nous sommes pleinement conscients de notre responsabilité environnementale. Et nous avons développé des projets  pour respecter et préserver l’environnement. À commencer par  les eaux usées qui sont recyclées et récupérées à 100%. S’agissant de la valorisation des déchets, nous avons signé deux partenariats. Le premier avec Sonasid pour la récupération de la ferraille et le second avec une autre société pour la récupération des autres déchets (huiles usées, batteries, lampes, pneus…). Les recettes tirées sont placées dans un compte vert destiné aux activités sociales du groupe.   M.M

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