Quels sont les défis de l’intelligence économique ?
Convaincre les responsables politiques et économiques que l’utilisation de l’intelligence économique et stratégique donne un avantage concurrentiel par la meilleure compréhension des problèmes et de leur environnement, ainsi que l’acquisition d’une capacité d’anticipation et de réaction. L’expérience montre qu’une fois compris cet apport les dirigeants les plus performants l’utilisent en permanence pour faire la différence avec les autres.
Qu’en est-il des enjeux géostratégiques de la guerre économique en Afrique ?
Il faut que l’Afrique se réapproprie ses matières premières et leurs transformations pour créer de l’emploi et garder les marges. Il faut développer des programmes de production agricole pour nourrir une population en forte croissance en l’accompagnant d’une politique de formation. Il faut avoir une vision à long terme du développement et des structures adaptées aux problèmes spécifiques de chaque pays. Le secret du futur c’est la capacité d’anticipation en abandonnant une politique basée sur la réactivité. Le secret du présent c’est d’accepter la réalité d’aujourd’hui pour s’en servir comme tremplin. La puissance reposera sur les alliances régionales prenant en compte les spécificités et les potentiels de chacun pour des partenariats et des mises en commun.
« Soyons clairs, la lutte contre la corruption repose sur un changement d’état d’esprit dont les lois ne sont que la concrétisation »
La corruption et la non transparence sont un trait caractéristique des marchés africains. Quel rôle joue alors l’intelligence économique ?
La corruption est un fléau qu’il faut combattre, car elle pénalise tous ceux qui n’en bénéficient pas et fausse les échanges. Pour cela, il faut en étudier les raisons et les pratiques, qui sont chaque fois différentes et issues de la culture locale, puis les faire connaître pour mettre en difficulté ceux qui la pratiquent. Par sa capacité à en étudier la cartographie et la réalité, par ses méthodes d’analyse objective, par la rigueur de ses conclusions, l’intelligence économique fournit au décideur les éléments permettant de lutter intelligemment contre la corruption. Soyons clairs, la lutte contre la corruption repose sur un changement d’état d’esprit dont les lois ne sont que la concrétisation. Vouloir faire le contraire comme le prônent certaines ONG anglo-saxonnes est une erreur majeure.
« La puissance reposera sur les alliances régionales prenant en compte les spécificités et les potentiels de chacun »
Le projet des nouvelles routes de la soie impliquerait un basculement du centre de gravité de l’économie mondiale. Qu’en pensez-vous ?
La Chine sera dans les 5 ans la première puissance économique mondiale, mais l’Asie est déjà le centre de gravité. Les Chinois sont aussi un peuple de commerçants. Il est donc normal qu’elle investisse dans des routes terrestres et maritimes de développement économique accompagnant son expansion vers des pays économiquement intéressants. C’est la conséquence de sa position de leader et elle prendra le temps pour le faire méthodiquement, car elle sait construire dans la durée.
Le digital est devenu le nouveau champ de bataille. Comment contenir cette guerre de l’information, de la désinformation et la fabrication d’intox ?
Le digital est avant tout un formidable outil pour chercher et trouver de la connaissance, stocker des données, et envoyer de l’information. Celui qui ne sait pas ou ne veut pas l’utiliser perdra la compétition au niveau régional, national ou mondial. Certes, comme tout outil nouveau il présente des risques et il faut apprendre à s’en servir. Mais on découvre vite comment ne pas se faire avoir par de la désinformation et repérer des opérations d’intox. Pour les interceptions par des hackers, il y a des techniques simples pour l’éviter.