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Ahmed Lahlimi Alami : « Je ne pense pas que le low cost soit un modèle de stratégie industrielle »

Le Maroc prend la route du low cost comme un modèle de stratégie industrielle. Qu’en pensez-vous ?

Je ne le pense pas. Low cost ou autre chose…mais je n’ai pas bien compris ta question…

Le low cost veut dire de faibles coûts salariaux. Je prends l’exemple du géant chinois de l’automobile à énergie nouvelle BYD qui va s’installer au Maroc… ?

Produire à plus bas coût n’est pas la motivation des Chinois pour investir au Maroc. La Chine agit comme une grande puissance économique et stratégique qui a ses ambitions internationales. Elle voit le Maroc comme un pont vers l’Europe, l’Afrique, le Maghreb, l’Amérique du Sud…Notre pays a signé beaucoup d’Accords de libre-échange. Cela permet de favoriser les échanges internationaux et de renforcer l’ambition à devenir une « plate-forme » pour les investissements chinois. N’oubliez pas que la Chine affirme ses ambitions de devenir l’acteur majeur de l’économie de demain, celle de l’économie numérique et l’économie verte.

« Cela suppose bien entendu des réformes structurelles visant à relever les niveaux social et culturel, notamment dans le monde rural »

Qu’en est-il des limites du modèle économique ?

J’ai suffisamment dénoncé la faiblesse de compétitivité du tissu productif national pour relever ici son rôle dans le déficit structurel de la balance commerciale des biens et services, c’est-à-dire le déficit des ressources de notre pays. Dans un contexte de croissance économique faible, d’une transition démographique accélérée et d’une économie qui ne crée pas suffisamment de valeur ajoutée et où les fruits de croissance sont inégalement répartis, il serait légitime de s’interroger sur la pertinence d’un tel modèle économique. Le pendant de la faible compétitivité de notre tissu productif se traduirait, en particulier, par le fort et croissant contenu en importations plus compétitives que l’offre nationale quand celle-ci existe. Les importations n’auraient cessé d’augmenter dans notre pays. Le taux de pénétration des importations se situerait à 34% aujourd’hui atteignant l’un des niveaux les plus élevés relevés dans les pays émergents. D’où le bénéfice notable de la diversification sectorielle de l’économie et l’importance de l’intégration sectorielle et de l’intermobilité sectorielle. L’objectif est qu’il y ait des effets d’entrainement des industries sur la création de la valeur ajoutée. Ceci n’est pas encore le cas des nouveaux métiers. Des études conduites par le HCP à cet égard ont montré une fuite vers l’extérieur de création de valeur ajoutée. Il faut souligner aussi les limites de la productivité du travail, avec une pression négative de 12%. Dans un contexte de faible contenu en opportunités d’emploi, on assiste à une utilisation mal de la population en âge de travailler. Il faut donc investir dans les ressources humaines, assurer les conditions d’un environnement des affaires qui soit flexible et agile. Cela suppose bien entendu des réformes structurelles visant à relever les niveaux social et culturel, notamment dans le monde rural. Si aujourd’hui on ne peut que relever le faible rendement de l’investissement, ce serait plutôt dans une meilleure gestion de ses programmes et leur allocation optimale sectorielle et technologique que le pays pourrait puiser les facteurs d’amélioration de la compétitivité du tissu productif national et de la croissance économique. Bref, réfléchir à une politique cohérente qui met en avant l’économie numérique et l’économie verte.

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